Membres
"Un juriste qui sait parler aux architectes" : découvrez notre interview de Didier Krajeski, directeur de l’IEJUC
Recherche - Thématique
"Un juriste qui sait parler aux architectes" : découvrez notre interview de Didier Krajeski, directeur de l’IEJUC
le 17 juin 2024
Professeur à la Faculté de Droit d’UT Capitole et directeur de l’Institut des études juridiques de l’urbanisme, de la construction et de l’environnement, Didier Krajeski est spécialiste du droit rural et du droit des assurances. À l’instar des membres de son laboratoire, il travaille sur des sujets de recherche à fort impact sociétal et collabore avec de nombreux experts métiers.
• Pourquoi avoir choisi comme spécialité le droit rural et le droit des assurances ?
Après un DEA et une thèse réalisée sous la direction du Professeur Philippe Le Tourneau sur un sujet assez théorique, l’Intuitus personae dans les contrats, j’ai obtenu en 1999 un poste de maître de conférences en droit des assurances et droit rural au sein d’UT Capitole. Cela m’a permis de continuer à faire du droit civil, matière que j’aime par-dessus tout, et de m’orienter vers des sujets d’études plus pratiques. Ce qui me plaît, c’est d’apporter des réponses concrètes et utiles. Les ruralistes, peu nombreux, sont très sollicités pour participer à des colloques ou dispenser des formations. C’est pourquoi j’interviens dans de nombreuses universités et écoles de notariat en France. Voyager permet de rencontrer des pratiques très diverses, comme l’utilisation du statut des baux ruraux qui varie d’une région à l’autre. Après avoir passé l’habilitation à diriger des recherches en 2006, je suis devenu professeur des universités à l’agrégation interne en 2013.
• Pouvez-vous nous présenter le laboratoire de l’IEJUC, dont vous êtes le directeur ?
Depuis sa création en 1954, l’IEJUC a pour objet l’étude juridique de l’espace terrestre, à travers des thématiques comme l’environnement, l’urbanisme, l’agriculture et le patrimoine. Nous travaillons sur des problématiques sociétales, parfois avec de grands enjeux financiers, comme le changement climatique, les énergies renouvelables, la protection des espèces, les contrats publics ou le logement social. La recherche dans ces domaines est naturellement interdisciplinaire et interscience. Nous collaborons régulièrement avec d’autres spécialistes : agronomes, géomètres-experts, sociologues, ingénieurs, architectes, économistes, agents immobiliers… Les enseignants-chercheurs et doctorants de l’Institut, au nombre de 14, ont le goût pour ce travail en équipe avec le monde extérieur. La revue Droit et Ville, que nous éditons depuis 1976, illustre bien cette volonté : elle se compose d’analyses pluridisciplinaires, tant juridiques que non-juridiques, rédigées par des chercheurs français ou étrangers. Riche et dynamique, notre équipe n’hésite pas à répondre à des commandes particulières. Nous avons par exemple étudié la captation de carbone par l’agriculture à la demande d’un député européen ou encore les services écologiques rendus par les sols, travail qui a été récompensé d’un IdEx.
Nous travaillons sur des problématiques sociétales, parfois avec de grands enjeux financiers, comme le changement climatique, les énergies renouvelables, la protection des espèces, les contrats publics ou le logement social.
• Quelles sont les responsabilités administratives que vous avez endossées tout au long de votre carrière à UT Capitole ?
Les responsabilités administratives sont une composante importante de la carrière universitaire. J’ai été membre deux fois du Conseil des facultés, membre aussi du Conseil d’administration et président de section. J’ai aussi dirigé un certain nombre de diplômes, comme les Masters Notariat, Contrats ou Assurance. Actuellement, je dirige le DU Droit du dommage corporel. Changer régulièrement de responsabilités est très enrichissant.
• En quoi consiste votre projet de recherche GEPABA, financé par TIRIS pour une durée de 5 ans ?
L’objectif du projet, dont l’acronyme signifie « Gestion durable du patrimoine bâti », est d’organiser un séminaire, dans lequel des étudiants de spécialités différentes seront réunis pour travailler en équipe et en interdisciplinarité sur le même objet d’étude. Ainsi, des étudiants volontaires en Master 2 Droit de l’environnement, Droit de l’immobilier ou Droit public des affaires à UT Capitole proposeront un projet de rénovation en collaboration avec des étudiants des universités Paul-Sabatier, Champollion et Jean-Jaurès, de l’INSA, de l’école d’architecture de Toulouse et même du Laboratoire Matériaux et Durabilité des Constructions (LMDC) de Tarbes. En parallèle du projet de recherche, des cours pluridisciplinaires seront également dispensés aux étudiants, avec un certificat à la clé. L’enjeu est d’élargir leur champ de compétences. Financé par TIRIS, ce séminaire sera lancé en octobre-novembre 2024 et renouvelé chaque année pendant 5 ans. Au-delà, nous espérons qu’il aboutira à la création d’un DU.
• Comment est né ce projet collaboratif ?
Un enseignant en architecture qui est à l’origine de ce projet m’a contacté en tant que directeur de l’IEJUC pour être l’interface juriste, depuis le début de la discussion jusqu’à la mise en place du séminaire. Nous avons constitué une petite équipe d’intervenants et réfléchi au premier sujet de rénovation qui sera donné. Cela pourrait être un bâtiment toulousain, comme une Cité U ou des habitations à loyers modérés, ou un projet à l’échelle d’un quartier, comme l’ancien site AZF. GEPABA s’inscrit dans la dynamique qui a toujours été celle de l’IEJUC. C’est la première pierre d’une collaboration avec ces partenaires. À l’avenir, nous souhaitons travailler à nouveau ensemble sur un projet de recherche lié à l’habitat.
Nous avons constitué une petite équipe d’intervenants et réfléchi au premier sujet de rénovation qui sera donné. Cela pourrait être un bâtiment toulousain, comme une Cité U ou des habitations à loyers modérés, ou un projet à l’échelle d’un quartier, comme l’ancien site AZF.
• Quel autre projet portez-vous en ce moment ?
Comme chaque année, à l’occasion des comités de suivi de thèse, nous organisons fin juin « Les Doctoriales », deux journées de conférences pour les doctorants. Les sujets traités peuvent être théoriques ou bien concerner des questions de méthodologie, comme l’argumentation juridique. C’est l’occasion pour les doctorants de se former et de développer leur culture générale, mais ce sont surtout des moments de convivialité et d’échanges.